Pourquoi j’ai changé mon mode de consommation

Soyez le 1er à noter cet article !

Nous vivons dans une société ou la consommation est reine, omniprésente et protéiforme : carburant essentiel d’une économie ou le capitalisme a écrasé au marteau son antithèse soviétique.

Loin de moi l’idée de développer une argumentation politique ou de porter un jugement sur la pertinence d’un tel système, de ses qualités ou défauts, de sa capacité à répondre aux défis d’aujourd’hui.

Non cette affirmation comme préambule à cet article a pour objectif de poser les bases d’une réflexion au sujet de la pertinence de notre mode de consommation et des choix que nous pouvons faire pour nous adapter en temps de crise économique car que nous le voulions ou non, nous ne pouvons plus faire comme avant.

Les 30 Glorieuses

Après la seconde guerre mondiale, et jusqu’au premier choc pétrolier de 1973, la France a connu une période de prospérité économique exceptionnelle permettant à ses habitants d’augmenter drastiquement le niveau de vie et qui a permis l’avènement de la société de consommation actuelle révolutionnant le quotidien de millions de gens à coup de frigidaires, d’armoires à cuillères, d’éviers en fer de poêle à mazout. (Boris Vian – La complainte du progrès)

Cette révolution silencieuse a été une source de progrès pour la majorité d’entre nous tant elle a amélioré les conditions de vie et de confort des Français mais aussi de toutes les sociétés occidentales.

Il n’y avait soudain plus besoin de s’abimer les mains à laver son linge, il suffisait de le mettre dans une machine qui tourne !

Ces changements qui nous paraissent totalement anodins aujourd’hui ont permis à la fois la libération de la femme qui n’était plus dévolue aux tâches ménagères et qui pouvait désormais travailler ce qui augmentera les revenus des ménages (2 salaires au lieu d’un seul) mais aussi de la part du temps que les Français allaient désormais consacrer aux loisirs, aux vacances, au tourisme.

La Consommation libère la femme

Consommes, tu seras libre !

Ces deux éléments alimentant à leur tour la demande en termes de consommation dans un cercle vertueux qui au passage créait de l’emploi dans les usines, le marketing, la publicité aboutissant à une situation de plein emploi (moins de 5% de chômage) et à l’attachement de la société à ce mode de vie.

Je consomme, donc je suis

Depuis ce temps-là, nous avons donc tous pris l’habitude de consommer.

Par envie ou par pression sociale, pourvu qu’on ait le dernier téléphone à la mode, pourvu que j’ai la plus grande TV ou la plus puissante voiture possible.

Je n’ai pas les fonds nécessaires pour être à la mode? Pas grave, les prêts à la consommation et leurs taux d’intérêt de 18% sont là pour me permettre de vivre au-dessus de mes moyens :  je suis endetté certes, mais je roule en BMW.

Petit à petit, nous avons perdu de vue cette notion de progrès et de valeur ajoutée, et nous consommons désormais par mimétisme social ou par pulsion car cela nous donne l’impression d’exister aux yeux des autres, que nous nous faisons plaisir et que nous nous récompensons de nos dures journées de labeur.

J’ai par exemple moi-même acheté un iPhone 4 il y a quelques années pour remplacer mon iPhone 3GS, qui avait lui-même succédé au 3 et qui marchaient tous pourtant très bien au moment de leur renouvellement. Pourquoi ? je n’en ai aucune idée, cela me paraissait évident : « il est mieux en tout » me disais-je en sortant le chéquier pour payer 250€ le droit d’être mieux considéré par mon entourage grâce à mon objet dernier cri.

Ai-je regretté ce choix ? Pas forcément, mais j’aurais souhaité le faire avec des arguments plus solides que les 20gr ou les 2mm en moins qu’il mesure.

Ce qui est vrai pour le téléphone est vrai pour le reste, et nous avons tous chez nous :

  • Des vêtements que nous avons acheté et que nous n’avons jamais ou très peu mis
  • Des aliments périmés avant de les avoir consommé
  • Des livres que nous n’avons jamais ouvert
  • Des CD que nous n’avons jamais écouté
  • De vieux téléphones, télévisions, ordinateurs

La liste d’exemple est longue : l’effet pervers de la consommation est l’accumulation car plus nous possédons de choses et plus nous avons l’impression d’être riches et importants, dans une société ou la propriété individuelle est valorisée, plus je possède et plus je suis important.

Arrêtons de consommer

Voilà exactement le genre d’écueil dans lequel il faut éviter de tomber car consommer est nécessaire pour au moins 3 raisons :

  1. Nous ne pouvons pas échapper aux codes régis par notre société : habillez-vous comme un adolescent, marchez au lieu d’avoir une voiture et continuez d’utiliser le minitel ne vous rendra ni plus heureux, ni plus riche, ni plus intelligent : vous allez juste vous rendre la vie compliquée.
  2. Consommer a du bon : si vous triez le bon grain de l’ivraie et renouez avec la notion de valeur ajoutée, vous pouvez améliorer votre confort, votre santé, gagner du temps, et faire plaisir à vos proches : ce n’est pas la consommation que vous devez chasser, c’est l’excès.
  3. Vous n’avez pas intérêt à ce que le système s’effondre : comme dit en début d’article, le système dans lequel nous vivons est basé sur la consommation et ceux qui parlent d’une révolution ou de renverser wallstreet n’ont aucune idée des drames que cela provoquerait en termes de chômage, de pauvreté, d’insécurité : souvenez-vous qu’après la révolution, il y a toujours la terreur.

Do the evolution, baby

Si au lieu de parler de révolution nous parlions d’évolution ?

Engageons le darwinisme de la consommation : soyons plus responsables, plus critiques, plus jaloux de nos droits : ne parlons plus du prix des choses mais de leur valeur.

Les agences de publicité ont bien compris une chose : nous agissons plus avec notre cerveau émotionnel (limbique) qu’avec notre cerveau rationnel (Cortex)

Cerveau consommation et impulsion d'achat

Mon cerveau, mon impulsion d’achat

Donc, pour vendre quelque chose à quelqu’un  il est plus efficace de lui dire qu’il sera cool avec tel ou tel accessoire, beau avec tel ou tel autre, génial avec un troisième : regardez toutes ces publicités ou ce sont toujours de jolies femmes à moitié nues qui vous vendent un dentifrice ou un yaourt ou qui viennent embrasser le mec qui vient de se raser avec le nouveau rasoir à 6 lames !

On ne vend plus une utilité, une fonction ou un besoin à quelqu’un : on lui vend une idée, un état d’esprit, une appartenance à un groupe, une promesse de succès.

En quoi par exemple, y’a-t-il un rapport entre un hamburger et le comportement pour le moins étrange de cette jeune fille ?

Bref, ne vous faites pas manipuler, soyez rationnels.

Voici les changements que j’ai apporté à mon mode de consommation :

  1. Je n’additionne pas, je remplace : Désormais, et afin de limiter l’accumulation, j’essaye de me séparer d’un objet lorsque j’en achète un autre. Une nouvelle paire de chaussure ? Ok mais une autre doit être vendue / donnée / jetée. Le bonheur n’est pas dans l’accumulation ou dans la possession.
  2. Je privilégie des objets polyvalents : Un appareil pour cuire le riz, un autre pour faire des frites, un troisième pour les pâtes, un quatrième pour les crêpes, un cinquième pour la fondue, un sixième pour la raclette… bientôt nous aurons un appareil pour un plat : préférez des objets polyvalents qui permettent de tout faire. Idem si vous avez un baladeur mp3, un téléphone, un GPS et un appareil photo : aujourd’hui un bon smartphone fait très bien tout ça, prend moins de place, et coûte moins cher que tous ces objets réunis.
  3. J’achète d’occasion : pour en savoir plus, lisez l’article que j’ai écrit sur le sujet.
  4. Je répare : plutôt que de racheter des objets qui tombent en panne et qui sont parfois le fruit d’une politique d’obsolescence programmée mise en place par les marques afin de vous faire régulièrement revenir au magasin. Internet est une mine d’information exceptionnelle et regorge de guides pour les adeptes du DIY (Do It Yourself) : vous n’imaginez pas comme il est parfois simple de réparer une machine à laver ou un ordinateur, même quand on n’y connait rien.

Le changement, c’est maintenant

Le temps ou l’Europe de l’ouest et les états unis régnaient en maître sur l’économie mondiale est révolu. Notre société est désormais vouée à partager le gâteau avec les « nouveaux riches » que sont les pays d’Asie, d’Amérique du sud voire d’Afrique et ce que nous appelons « la crise » n’est en réalité pas un phénomène ponctuel mais bien une mutation des rapports de force existants entre les différents grands ensembles mondiaux.

La crise n’est pas un phénomène temporaire, le mode de consommation que nous avions ces 30 dernières années n’est plus viable et nous devrons nous adapter au monde dans lequel nous vivons en gommant les excès et le gaspillage auxquels nous avons été habitués.

Nous devons passer d’une société de consommation compulsive à une société de consommation de valeur : est-ce que ce que nous achetons nous apporte du bonheur, du confort, du plaisir, du bien être, est utile, bref : ai-je une réelle valeur ajoutée ?

Vous aimerez aussi...

2 réponses

  1. Je ne puis que vous rejoindre la dessus!

    Certains soutiennent par ailleurs que ce mode de consommation effreiné est bon car il fait tourner l’économie : c’est totalement absurde de penser que le gaspillage des matières premières, de l’énergie et de la main d’oeuvre peut être positif pour l’économie.

  2. Manuela dit :

    Bonjour, je suis rendue au même constat que vous. Avec une société basée sur la consommation, sans cesse de nouveaux besoins sont crées pour nous faire consommer. Tout cela m’exaspère. Je ne dis pas que nous ne devons vivre comme des ermites, mais avons nous besoin d’avoir 36 paires de chaussures, plusieurs télé, ordinateurs, téléphones portables etc… Sûrement pas.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *